lunes, 26 de enero de 2015

EL QUE LA TENGA










 Courage, jeune homme,… Ne quitte ton atelier que pour aller consulter la nature. Habite les champs avec elle. Va voir le soleil se lever et se coucher, le ciel se colorer de nouages. Promène-toi dans la prairie, autour des troupeaux. Vois les herbes brillantes des gouttes de la rosée. Vois les vapeurs se former sur le soir, s’étendre sur la plaine et te dérober peu à peu la cime des montagnes. Quitte ton lit de grand matin, malgré la femme jeune et charmante près de laquelle tu reposes… Va voir l’orage se former, éclater et finir ; et que, dans deux ans d’ici, je retrouve au Salon les arbres qu’il aura brisés, les torrents qu’il aura grossis, tout le spectacle de son ravage ; et que, mon ami et moi, l’un contre l’autre, appuyés, les yeux attachés sur ton ouvrage, nous en soyons encore effrayés.

Diderot. Salon de 1765. Loutherbourg.

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