« Il existe une mythologie du livre, héritée de la culture du livre depuis l’Antiquité et surtout depuis la fin du XVIIIème siècle, et qui met en place une problématique du livre. On est en train de penser le numérique dans ce cadre-là, avec la figure du Golem, ce monstre dans l’Ancien Testament qui, par le pouvoir magique et mystique des lettres, s’anime, comme un double de l’homme mais devient, dans des versions tardives, peu à peu son rival. On pense l’écriture numérique comme le Golem de l’écriture classique. A mon avis, c’est cette dimension qui fait obstacle car elle n’est pas appropriée pour penser la textualité du numérique.
Le numérique se détache de la culture du livre et de l’imprimé, il s’autonomise dans ses pratiques et s’empare de l’écrit. Comme si le Golem prenait son indépendance. Mais on pense toujours une sorte de monothéisme du livre. Or, avec le numérique, nous sommes dans un polythéisme. Il faut l’accepter, avec vigilance, pour permettre des nouvelles formes –participatives, collaboratives…- du côté du lecteur ou de l’auteur. L’informatique a d’abord voulu reproduire la page du livre, sa typographie ; Mais aujourd’hui, c’est une fragmentation. Cela pose des problèmes et ouvre des horizons. Toute la question est de passer outre cette mythologie du livre ».
Milad Doueihi
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