Comme le scorpion, mon frère, Tu es comme le scorpion Dans une nuit d’épouvante. . Comme le moineau, mon frère, Tu es comme le moineau Dans ses menues inquiétudes. . Comme la moule, mon frère, Tu es comme la moule Enfermée et tranquille. . Tu es terrible, mon frère, Comme la bouche d’un volcan éteint. Et tu n’es pas un, hélas, Tu n’es pas cinq, Tu es des millions. . Tu es comme le mouton, mon frère, Quand le bourreau habillé de ta peau Quand le bourreau lève son bâton Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier. Tu es la plus drôle des créatures, en somme, Plus drôle que le poisson Qui vit dans la mer sans savoir la mer. . Et s’il y a tant de misère sur terre C’est grâce à toi, mon frère, . Si nous sommes affamés, épuisés, Si nous somme écorchés jusqu’au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin, Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non … … Mais tu y es pour beaucoup, mon frère. NAZIM HIKMET Avec la voix de IVES MONTAND